L’été, la pluie est moins froide

TN-018-01

4 août –  Mis à part une escapade en juillet pour le sud, les « vacances » commenceront pour nous au mois d’août. A notre grand regret, nous quittons donc la capitale en même temps que tout le monde, et profitons de la joie de prendre les trains bondés avec un chat clandestin – nos super catsitters habituels ont aussi le droit de partir en vacances. On s’accordera une journée de répit sur la côte pour reprendre notre souffle, écrire nos derniers emails, acheter du sel au marché, se balader le long du remblais, passer quelques coups de fils, prendre une douche, et manger une glace au coin de la rue avant de se faire une soirée cinoche.

5 août – Le lendemain c’est LE départ. 50 minutes plus tard, la maison apparaît au bout de la rue et nous pouvons enfin montrer à Zorro la raison de notre abandon bimensuel du poste de maîtres du placard à croquettes. Évidement – et pour changer – avec tout ce qu’il a flotté depuis le mois de mai, le jardin ne ressemble plus à rien.

TN-018-03

Avant toute chose, une bonne motivation rime avec une bonne installation.
La première tâche sera donc de transformer ce chantier à l’abandon en gite rural de renommée. Il ne faut surtout pas négliger le ménage : un piaf – petite bête plutôt inoffensive de prime abord – aura trouvé le moyen, pendant notre absence, d’entrer dans notre demeure et d’allègrement marquer son territoire… partout. Rien de bien méchant tout de même, il ne faudrait pas commencer trop brutalement. Les choses se compliquent lors du montage d’Albert(e), une étagère suédoise à 9 euros. Le problème, quand c’est vraiment moins c’est cher, c’est que c’est vraiment plus long à monter.

Enfin, on barricade l’étage avec une bâche et des paquets de plancher inutilisés, deux/trois rouleaux d’isolant, et des clous – par ci, par là. L’escalier neutralisé, l’étage ne sera accessible que par la fenêtre via une échelle pendant tout le séjour.

TN-018-02

TN-018-04

Zorro, enfin libéré de sa paillote, trouve ses quartiers sur ces 40 m². En bon chat d’intérieur nous lui refuserons (pour l’instant) toute escapade vers le monde inconnu et tout contact avec les 45 chats malades de la voisine. De toute façons, les rapaces du coin l’effraient déjà et il court, le poil hirsute, se réfugier sous la couette. Il acceptera donc son sort sans trop ronchonner, et trouvera vite ses habitudes et son parcours quotidien de sa gamelle à sa couche. Pas fou, le chat.

TN-018-05

L’acclimatation faite – eh oui, il faut s’habituer au manque de pollution, au silence, à l’absence de wifi- les affaires sérieuses peuvent commencer. Et pas des moindres : les derniers travaux de gros œuvre côté ouest. Grosso modo il s’agit de faire sauter un tiers de la véranda (dalle, murs et couverture), de terrasser les 300 mètres carré du jardin ouest, de finir la construction du mur en ossature bois commencé en mai, et de couler la dalle de la terrasse. Tout cela pour passer de

TN-018-00

Le planning fait dans le train répartit les travaux en 3 phases principales sur les 14 jours qui nous restent.

Séquence 1 – Déconstruction / Inondation / Réparation

6 au 8 août –  Vincent s’occupe du piquage des dalles 1 et 2 de la véranda et retrouve son outil préféré (non, je rigole) : le marteau piqueur.

TN-018-06

TN-018-07

Comme c’est pas pour les filles, je m’occupe (encore) du décapage/ponçage des fenêtres et de la porte – entre autres – parce qu’il faut aussi remplir tous les sacs de m*$% !&@. On avait légèrement oublié qu’on allait refaire des gravats, et qu’accessoirement il fallait les évacuer. Mais c’est comme le vélo : ça revient vite… Et puis on préfère éliminer petit à petit maintenant, comme ça c’est fait.

TN-018-08

TN-018-09

TN-018-10

La dalle 1 est démolie entièrement. Pour la deuxième, encore en bon état, on décidera in situ et sur un coup de flemme suite à une longue réflexion, de piquer juste le carrelage et la chape. On aura donc qu’à couler l’autre moitié et ça nous permettra d’économiser près d’un mètre cube de béton ($$$). Plus tard, on ragréera avec une sorte de béton liquide pour faire la forme de pente et unifier l’ensemble.

TN-018-11

Une journée et demie suffira pour venir à bout de cette corvée. Dès la fin de matinée, on fait sauter les parcloses avec un ciseau à bois (conseil du menuisier passé prendre les cotes pour les nouvelles ouvertures) et les fenêtres PVC sont déposées.

TN-018-13

TN-018-12

Comme on est chaud on embraye direct’, et on vire les plaques de fibro en toiture.

TN-018-14

Et puis on découpe les pannes et là, c’est assez sensass’. On commence à se rendre compte à quoi ressemblera la vraie vue depuis le salon.

TN-018-16

Je retourne à mon atelier sans fin, histoire de raviver ma tendinite. J’ai trouvé un bon rythme maintenant, entre le décapeur thermique, la table vibrante, et le petit multifonctions pour les moulures. Les menuiseries commencent à devenir NI-CKEL. C’est comme dans un rêve.

Le soir venu les grimpeurs voisins harnacheront le moignon de la véranda d’une bâche pour passer la nuit, avant de nous inviter à grailler. Et puis, un petit film et au lit.

Malheureusement, le beau temps ne dure pas (et quand je dis beau, je suis sympa !). Il pleuvra toute la nuit suivante (comme de par hasard… ). Au petit matin, on hésite deux-trois fois avant de se lever, parce que ça ne s’arrête toujours pas de pisser. Une fois debout on aura juste envie de se recoucher : ça fuit dans la véranda, ça fuit dans la cuisine… Bon sang, on est au mois d’août ou pas ?

Milieu de la matinée c’est l’hécatombe. La pluie ne s’arrête pas, et au lieu de cela, tombe de plus en plus fort. Le problème c’est que toute la flotte arrive au même endroit : le terrain en pente vers la maison, le caniveau le long de la véranda, la descente EP au droit du toit principal… et comme le pot de crème fraîche qui sert de raccordement entre la gouttière et la descente de la véranda est déboîté, on a aussi toutes les eaux de toiture de celle là qui arrivent ici au lieu de filer dans le verger… tu parle d’une histoire. Au bout d’un moment, il y a trop d’eau et le regard déborde – sans blague. Ce n’est pas pour rien qu’on veut décaisser le terrain ET faire une pente dans l’autre sens. Ce qui est moins marrant c’est qu’en attendant l’eau monte, l’eau monte… Finalement, la pluie s’arrête juste avant que l’eau ne rentre à l’intérieur. On aura échappé au pire pour le moment.

Et pendant ce temps là, Zorro dort, peinard.

TN-018-17

TN-018-18

La pluie du matin n’arrêtera pas le pèlerin… On invente un système à l’arrache pour évacuer l’eau temporairement un peu plus loin, on repose fissa une des fenêtres PVC au bon endroit, pour refermer un peu, et on file au magasin du coin acheter des gouttières. Le soleil revient et les voisins rappliquent pour aider Vincent à équiper la toiture de l’étable et dévoyer la descente du toit principal.

TN-018-19

TN-018-20

Les 130 m² carrés de ces eaux de toiture seront donc maintenant déportés côté sud. L’apéro pelleteuse qui s’ensuit remontera la moyenne de cette journée qui avait plutôt moins bien commencé.

TN-018-21

TN-018-22

Séquence 2 – Terrassement / Eboulement / Cerf-Volant

9 au 11 août –  Avant de monter sur sa bête, Vincent m’emmènera faire un peu de shopping chez • P.

TN-018-23

On se retrouvera rapidement devant un problème de math de 6ème (réponses en bas de page) :

Nous avons besoin d’ un mètre cube de sable, d’un mètre cube de graviers, de 9 tubes diamètre 10 de 4 mètres linéaires, de 3 regards 20 x 20 cm, et d’une couronne de drain de 50 mètres. Ils ont deux voitures, et leur remorque fait 250 litres.

  • petit a) En combien d’allers-retours pourrons-nous rapporter tous les matériaux chez nous ?
  • petit b) Il est 9 heures, sachant que le magasin ferme à 12 heures et qu’il est à 15 kilomètres de la maison, est-ce que nous aurons le temps de rapporter tous les produits chez nous ?

Peu importe. Pendant que Vincent commence les premiers voyages, Jean-Paul entame la terrassement.

TN-018-24

TN-018-25

TN-018-26

TN-018-26

A la fin de la journée, la première partie du terrain commence à ressembler à quelque chose. On pose les réseaux (eau + électricité) des appentis dans la soirée, et on arrête le moteur à 22 h. Half done.

TN-018-27

TN-018-28

Le lendemain, rebelote. Déluge n°2.

Là, on ne veut vraiment pas se lever mais on n’a pas trop le choix. Demain, à l’aube, la mini-pelle ne sera plus des nôtres. Vu l’état dans lequel est le terrain, on a intérêt à terminer avant. Et d’un coup, alors qu’on commençait à reprendre espoir, à s’habituer à nos vêtement trempés et à entendre le glissement nerveux de l’engin sur la bouillasse, un gros PLOUF retentit…

Et c’est là : un trou dans le terrain. A 1 mètre du puits. Un gros morceau du sol s’est effondré.

Et merde.

TN-018-29

TN-018-30

Après une crise de nerf, des voisins venus en renfort et un pompage intégral de l’eau du puits (7m de profondeur – c’est pour dire qu’il s’en est passé du temps), le problème n’aura plus de mystères pour nous : à force, la vigne qu’on a arraché et qui avait poussé autour du puits a très certainement fait s’effondrer la roche, mais retenait encore la terre avec ses racines. Heureusement qu’un de nos jardiniers du mois de novembre n’a pas mis le pied dans ce gouffre. Et puis alors chez vous, attention ! Pas de plantes autour des vieux puits!

Pour déstresser un coup, nous finissons tous la journée à squatter dans le champs du voisin, à se rouler dans l’herbe, à jongler sur des bottes de paille, nourrir les araignées avec les sauterelles, et faire voler des cerf-volants.

TN-018-31

Le lendemain, en rendant la pelleteuse, Vincent explique ses déboires au proprio’ qui lui réponds que son pote peut sans doute nous filer un coup de main… Si c’est pas de la parlotte utile, ça?

On en profite pour s’arrêter tout l’aprem, et faire un break d’une soirée en compagnie des habitués de la terrasse Bauloise pour un barbecue à la Villa Bavard.

Bon, et sinon, on a pas mal avancé non?

TN-018-33

Séquence 3 : Assemblage / Coffrage / Coulage

12 au 15 août –  Retour au bled dès le lendemain matin. Sur la route, nous passerons rendre visite à Pascal pour lui emprunter sa bétonneuse (on dit pas bétonneuse) bétonnière. Charles et Béné nous attendent à la Teignouse avec les brochettes pour le dèj’. L’après-midi sera consacré aux broutilles à terminer, qui traînent ça et là depuis des lustres.

Journée suivante, réveil aux aurores. Le dit maçon, ami d’ami d’ami (qu’entre temps nous avions contacté, vu, interrogé, embauché…) nous appelle et – ayant légèrement pitié des 5 allers-retours restant qui nous attendaient – nous invite à faire un tour en Iveco, harnaché d’une remorque size XXL, pour régler le tout un un tour de main. Eh bien, eh bon! Quelle bonne idée, allons-y!

TN-018-35

TN-018-36

Une fois les « courses » faites, on se remet sur le mur menuisé qui refermera la véranda. Depuis le temps qu’on l’a commencé , il  n’est toujours pas terminé. Maintenant qu’ici c’est ouvert à tout vent, c’est l’endroit idéal pour le squatte de tous les chats du Pé. Et si on ne veut pas qu’ils rappliquent tous passer l’hiver au chaud, il faut VITE le terminer. En rentrant du boulot Sylvain viendra visser deux-trois équerres pour monter l’allège n°2. Il aidera aussi Vincent à poser la porte. Pendant ce temps là, je ponce ENCORE la dernière fenêtre – ils vont finir par m’attendre.

TN-018-38

TN-018-40

En fin de journée, le « support » de la futur terrasse est aplani et décaissé (on avait pas osé TROP creuser à la mini-pelle, et il reste bien 5 bons centimètres à enlever…

Plus tard, tout est prêt pour poser les évacuations, et pendant que je joue au puzzle, Vincent fini l’ossature et prépare les soubassements.

TN-018-43

TN-018-44

TN-018-45

Ce soir là, Zorro décidera de braver la bâche pendant notre douche quotidienne chez les voisins. On finit par le retrouver perché sur une corniche du garage, l’air un peu paumé.

TN-018-42

Le 15 août, nous n’irons pas au bois ni à la messe pour la fête de la Sainte-Vierge. Si on veut prendre l’apéro sur la terrasse cet été – et on le veut – il va falloir se lancer et…  la faire !

Le matin, Mathieu vient nous aider à faire le coffrage – enfin, au départ, on aurait du avoir fini la veille, et il venait plutôt pour nous aider à faire des brouettes de béton. Mais bon, des fois, le planning, ça dérape.  Lorsque le coffrage tient à peu près, on bâche (ça c’est pour que l’eau du béton ne soit pas « aspiré » par le sol directement – ndlr), et on ferraille. J’ai trouvé des super petites cales un peu partout sur le terrain.

TN-018-46

A 14h30 pétantes, on est enfin prêts. La première tournée est lancée.

TN-018-48

TN-018-50

A 16h30, on a coulé la moitié. Plutôt bon rendement vu comment on été partis… Sylvain rentre du boulot, enfile son jogg’ et alterne les brouettes avec Vincent. Pendant ce temps là, de l’autre côté, moi, je patauge 😉

 

18h – l’heure de l’apéro – on peut commencer à régler. Bon, et puis la bière entre deux allers-retours, ça va, mais il ne faut pas traîner. Il reste encore quelques bétonnières à faire tourner. Jean-Paul me montre une super technique pour bien « faire vibrer » le béton (c’est à dire faire tomber tous les pitits cailloux pour faire remonter l’eau) et m’apporte son super outil féexprès. Au final, je me débrouille pas trop mal et ca donne ça:

TN-018-52

La dalle est terminée à 20 h. C’est vraiment cool, parce qu’à un moment, on s’est demandé, quand même, si on allait y arriver avant la nuit… Là, c’est nickel. Presque fait dans les règles de l’art… presque. Heureusement que les gens du coin sont sympa et viennent en renfort lorsque l’équipe perd de son souffle. On va finir par prendre de très mauvaises habitudes…

Et puis, je n’ai pas de photos de la belle dalle bien lisse. Je n’ai pas de photos parce qu’à 20h05 – aller, peut être à 20h07 – tout d’un coup, on a senti des gouttes. Au début c’était marrant car on avait un peu chaud. Et puis c’était marrant parce que c’est pas comme si à chaque fois qu’on avait fait un truc « un peu important » pendant nos vacances il n’avait pas commencé à pleuvoir. Et puis c’était marrant aussi parce qu’on s’est dit que c’était passager et que le ciel était encore bleu.

Mais non. Alors on a couru partout tous les 4. On a tendu une bâche en attendant que ça s’arrête. Puis deux bâches. Et puis l’eau a commencé à passer ENTRE les bâches tellement il pleuvait de plus en plus. Les hommes forts sont allés chercher les plaques de fibro qu’on avait laissé plus loin, moi, les restes de gouttière, et on a fait un truc comme ça :

TN-018-53

L’averse a bien duré 1 heure, et, quand ça s’est calmé on était trempés. Le seul truc bien, c’est qu’au moins, l’été la pluie elle est moins froide.

Séquence 4 : Prolongations

17 au 19 août –  Le dimanche, on a fait comme un dimanche. On n’a rien fait.

Vincent, qui aurait dû être en route vers la capitale, aura réussi à prolonger ses vacances de deux jours et prendre rencard avec le maçon pour pouvoir régler le problème du puits.

Lundi, au chant des piafs, l’opération peut commencer. L’aménagement de la zone de travail est déjà un boulot à part entière. Après avoir rapporté tous les outils du camion, effectué les branchements, monté le treuil et calé l’échelle de 7m dans le fond du puits, il faut maintenant installer un « plancher » à l’intérieur pour que Joël (The maçon) puisse travailler debout.

Depuis l’échelle – à 5 mètres de haut environ depuis le fond – il burine la roche pour caler les étais, pique, repique, et serre. Ensuite, il installe les 4 lattes qui lui serviront de plancher. Vincent lui passe tous le matoss’ depuis là haut, via le treuil. V’la l’chantier…

TN-018-54

TN-018-55

Une fois le poste de travail opérationnel, Joël s’attaque au remontage de la paroi. Il nettoie d’abord toute la zone à reconstituer, puis burine la roche afin d’obtenir une assise plus ou moins plane. Il constitue une arase en béton, en nivelant avec des pierres ça et là lorsque l’écart est trop important. Une fois l’arase bien comme il faut, il peut ensuite commencer le montage du mur en parpaings. Il mélange du ciment fondu au mortier, pour accélérer la prise.

TN-018-56

A 13 heures, le chantier est déjà terminé – qui l’eut cru? Quand il nous avait dit « une journée si ça se passe bien », on en avait compté deux. Là c’est vraiment inespéré. Et en plus, il n’a pas plu !

Il nous propose de faire le curage dans la foulée – tant qu’on y est. Ils commencent dans l’aprem, et quelques problèmes de pompage reporteront le gros du boulot au lendemain. Dans la matinée, ils sortent près d’un mètre cube de vase.

TN-018-57

Joël nous salue vers midi et Vincent prend la route du retour peu de temps après. Je reste tout l’après midi pour « fermer » la maison : ménage à l’étage, rangement de tous les outils, des matériaux… et faire un dernier tour de chantier à la tombée de la nuit…

TN-018-58

TN-018-59

… et puis : BYE BYE la Teignouse !

TN-018-60

*


crédit coud’main : Jean-Paul, Sylvain, Maxime,
Loïc, Mathieu, Charles, sans oublier Joël
Réponses au problème de math :
a) 8 allers-retours
b) Non

Un Commentaire ?